WEEK-END A VENISE
| Une gondole glisse doucement sur l'eau
endormie, les ponts, les maisons défilent lentement
devant nos yeux. Les cloches sonnent quelque part. Une
silhouette apparait et disparait aussitôt sur l'horizon.
Tout paraît si loin et sans importance. Venise
appartient aux amoureux et son nom est magique . Notre gondole s'enfonce dans la brume et nous avancons dans l'histoire et remontons le temps. Venise synonime de la joie de vivre, du déchainement populaire est la capitale du Carnaval. En janvier, nous la découvrons sous un autre aspect, tout est si calme, comme plongé dans un sommeil hivernal, la ville se repose avant l'invasion des touristes du mois de février. Le gondolier nous propulse de son mouvement de va et vient mécanique et impassible, discret et pensif. Les palais d'une rare richesse architecturale, d'une abonbondance en sculptures et peintures, dignes et majestueux restent les seuls témoins muets du temps passé. En effet, qui aurait pu prévoir le sort que l'histoire réservait à ce petit archipel de bancs de sable répandus parmi les marécages et séparé par la mer du reste du continent. C'est grâce à cette frontière naturelle que Venise a pu naitre. Car au V siècle durant les invasions barbares quelques fugitifs, échapes aux massacres ont trouvé leur refuge sur cette terre promise. Ils y sont restés pour toujours. Les premiers vénitiens forts d'un génie commercial particulièrement entreprenant, en peu de temps créerent un empire maritime si puissant que dès l'an 1400 Venise était devenue la plus riche et la plus somptueuse métropole du monde connu. Paralèllement elle devient le premier carrefour entre l'Orient et l'Occident. Ses navires et ses marchands sillonnent les mers du monde entier et dominent en suprématie la Méditerrannée. Ses arts servent de référence à tous les créateurs étrangers et ses citoyens jouissent d'un luxe inégalé. Beaucoup d'Italiens viennent s'installer à Venise, car le gouvernement, malgré sa mauvaise réputation légèrement déformée par les historiens, fait tout pour faciliter le commerce et le développement de la ville. Il est stable, durant un millénaire et ses citoyens ne se sont jamais révoltes contre lui. Ils étaient laborieux, entreprenants et amoureux de leur ville, leur seul but était de devenir le plus riche possible et d'en profiter au maximum. Parcourant le monde entier ils ramènent tout ce que l'on ne trouve pas en Europe, des tapis d'Orient, des étoffes de soie, des pierres précieuses, en échange du sel et du verre de Murano. En effet, la ville n'est pas riche et ne possède que ces deux ressources naturelles. Le Gouvernement pour protéger l'exclusivité de la verrerie vénitienne prend des mesures draconniennes et offre des inombrables privilèges aux artisans en échange de quoi ils s'engagent a ne jamais quitter la ville pour s'installer ailleurs. Si, l'un d'entre eux, malgré la consigne essaye de s'enfuir, la police secrète est mise à ses trousses et le ramène de force en ville où il est juge et condamné. Les peines sont sévères car toute sa famille est désnohorée, leurs biens sont confisqués en totalité et lui même mis en prison de nombreuses années pour trahison. C'est ainsi que les familles de verriers actuels sont fiers d'avoir leurs ancêtres au XIII ème et XIV ème siècles et pendant tant de décennies ils n'ont jamais quitté l'ile. Ils recevaient une fois par an, l'autorisation de se rendre à Venise pendant le Carnaval. Les familles de verriers qui donnèrent la richesse à Venise vivaient ainsi dans une cage dorée. Le Carnaval Au XIII ème siècle en pleine décadence de la sérénissime les festivités en ville connaissent leur apogée. Le Carnaval dure non pas un mois mais six. Paradoxalement, c'est au fur et à mesure que la République sombre dans un déclin inévitable que les festivités se font de plus en plus intenses. Commme pour se masquer la vue d'une chute imminente, la Venise du XVIII ème siècle s'abandonne avec ses citoyens dans un plaisir perpétuel . Elle devient la capitale européenne des jouissances. Des milliers de visiteurs étrangers parcourent les canaux en gondole allant d'une maison de courtisanes à l'autre. Le nombre de prostituées et de courtisannes professionelles est impressionnant. C'est le résultat d'une philosphie en vogue datant du XVI ème siècle selon laquelle la famille vénitienne doit se perpétuer mais se perpétuer riche. Un seul fils généralement le plus jeune se mariait et engendrait ainsi assez d'héritiers légitimes masculins pour répondre à cette exigeance. Les ainés n'épousaient personne ou ne faisaient pas d'enfants évitant ainsi la dispersion de la fortune. Au XVIII ème siècle, soixante six pourcent des nobles sont restés célibataires. L'apparition de nombreux orphelinats et couvents en est une deuxième conséquence. Car ce sont les jeunes filles de la classe noble qui payent le prix de ce célibat forcé. N'ayant pas trouvé de mari, par la force des choses elles étaient obligées de prendre le voile. Mais la vie dans les couvents n'était pas toujours triste, certains d'entre eux avaient une réputation de dévergondage à peine moins importante que les maisons de jeux. En revanche, la dame qui avait la chance de trouver un mari, vivait une existance très agréable et mouvementée. Elle avait le droit de paraître en public accompagnée de son cavaliere servante (qui n'était pas obligatoirement son amant, et dont le nom figurait parfois déja sur le contrat de mariage) contrairement à son mari qui apparaissait à ses cotés seulement au cours des cérémonies officielles. Elle allait d'un bal à l'autre d'autant plus facilement que le masque et la pélerine permettaient de confondre l'homme ou une femme sans aucun risque d'être reconnu. Durant le carnaval toute la ville était en effervescence. La Place Saint Marc devient un gigantesque cabaret. Les astrologues disant la bonne aventure se mêlent aux charlatans vendant leur potion miracle, aux artistes de toutes sortes présentant leur numéros, aux nobles, aux pauvres tous déguises, toutes classes confondues dans un brouhara impressionant. Dans plusieurs endroits en ville on a dressé à toute vitesse les arènes ou un étrange spectacle a lieu, les bovins sont tenus par les cornes par des villageois costauds et les chiens tournant autour essayent de leur mordre la cheville. De temps en temps un taureau s'échappe et à la grande joie des spectateurs s'enfuie à travers la ville semant la panique. Tout ceci se passe dans un fou rire général et une déchéance populaire sans limite. Le dernier jour des festivités le feux d'artifice et les cloches de toutes les basiliques annoncent la fin du carnaval. Tout le monde enlève le masque. Le carnaval est mort. Vive le carnaval. Que reste t il de cette époque de splendeurs . Des dizaines de palais somptueux sont abandonnés faute de moyens financiers pour les entretenir. La ville est menacée de disparaître car des centaines de vénitiens préferent à leur villa vénitienne un appartement modeste mais confortable sur la terre ferme et petit à petit ils abandonnent le navire qui pendant tant de siècles leur servait de refuge. Le gondolier s'en va à son tour et disparaît dans la brume. Seul le lion vénitien reste impassible et veille sur la ville |
WEEK-END IN VENICE
| A gondola slowly sails on the quiet
water and bridges and houses file off in front our eyes.
Some bells ring somewhere. A silhouette appears and
vanishes immediately on the horizon. All seems to be far
and immaterial. Venice belongs to lovers and its name is
magic. Our gondola sinks in the fog and we move in the time and history. Venice, synonymous of happy life and popular enthusiasm is the capital of Carnival. In January we discover the city under a different aspect. Everything is so quiet and seems to be in a deep winter sleep in which the town rests before February and its tourists' invasion. The impassive, thinking and discrete gondolier drives us forward with his mechanical coming and goings. Silent, worthy and majestic palaces of a rare architectural richness, abundant with sculptures and painted works are the only witnesses of the ancient time. Who could foresee the destiny the history reserved to this small archipelago of sand banks widespread a the middle of a swamp separated by the sea from the continent. It is because of the natural boundary that Venice could be build when in the V. Th. century during the barbarian invasion some runaway from massacres found asylum on this promised land. They remained there for ever. The former Venitians had a strong commercial spirit. In a short time they created a so powerful empire that in 1400 Venice was the richest and the most magnificent city of the world. At the same time Venice became the first crossroads between Orient and Occident. Her vessels and merchants cut across the seas, the entire world and acquire the supremacy of Mediterranean sea. Her arts are use as reference by all foreign artists and her citizen enjoy an unequaled luxury. Many Italians moved to Venice, because its Government, although its bad reputation slightly distorted by historians, did all what possible to facilitate trade and the city development. It is stable and for a thousand years its citizens have never revolted against it. They were laborious, enterprising, and in love with their city. Their only aim was to get richer and to take advantage of it as much as possible. Cutting across the entire world they brought back with them what could not be found in Europe, Orient carpets, silk, precious stone in exchange of salt and glass from Murano. The town wasn't rich and had only these two natural resources. To protect the exclusivity of the venetian glass industry, the Government took drastic measures. It offer numerous privileges to the handicrafts in exchange of what, they engaged themselves to never leave the town to settle their business elsewhere. If one of them, although the rule tried to escape, the secret police were send on his tail to get him back to town where he was tried and condemned. Sentences were severe and dishonor fall on his family, all their belongings were confiscated, and he was put in jail for years under the accusation of high treason. It is why, nowadays, glass workers are proud of their ancestors from XIIIth and XIVth century who since that time never left their island. They received twice a year the permission to go at the Carnival of Venice. So all those glass worker's families, who gave a tremendous wealth to Venice, used to live in a golden cage. The Carnival During XIIIth century, decadent time of the city, festivities in town reach their apogee. The Carnival lasted not one but six months. Paradoxically it is as one goes along that the Republic sink in an inevitable decline that festivities are increasingly intense as to hide its imminent fall. Venice of XVIIIth century let herself go with her citizen in a perpetual pleasure. She became the European capital of enjoyment. Thousands of foreign visitors sail the canals with gondolas going from one courtesan house to the other. The number of prostitutes and of professional courtesans is very impressive. It was the result of a philosophy from XVIth century accordingly to which a venetian family had not only to perpetuate but also carry on wealthy. A son, generally the youngest got married with enough sons to answer this particularity. The oldest didn't get married or didn't get children avoiding to split their fortune. During XVIIIth century sixty per cent of the noblesse remain single. The appearance of many orphanages and convent is a second consequence. The young girls of the noble class paid the price for this forced spinster hood. Having found no husband; they were obliged to enter the religious life. But life in convent was not always sad and some of them had a licentious reputation barely less important than the whorehouses' one. At opposite, the ladies who were lucky enough to find a husband lead a very agreeable and movmented life. She could appear in public with her "cavaliere servante". He was not systematically her lover but his name sometime appeared on the marriage contract contrarily to her husband who appeared on her side only during official ceremonies. They went from a ball to the other as easily as the masks and the cape allowed to mix up men and women without any risk to be recognized. During the Carnival the all city was in a turmoil. "Place San Marco" became a giant cabaret. Astrologers telling the good fortune were mixed with charlatans selling miraculous medicine. There were artists of all sort presenting their show, nobles and poor all disguised of all classes mix up in a very impressive hubbub. Arenas were set up with a great hurry in various places of the town. Strange show took place; countrymen holding bulls by their horns, with their dogs running around trying to bite their legs and ankles, released from time to time the animals. To the joy of the spectators the bull went threw the town spreading panic as it went on its way. All of this happens in the general popular hilarity. Fireworks and bells of all the basilicas announced the end of the Carnival. Everyone took off the mask. The Carnival is dead, "vive le Carnaval". What remains of this glorious epoch? Dozens of abandoned palaces lacking financial power to be maintain. The town is threatened to disappear because, nowadays, hundreds of Venitians prefer modern and comfortable apartments on the continent to their houses in Venice. They abandon their city like a sinking boat that was for centuries their refuge. The gondolier goes in his turn and disappears in the fog. Only the venetian lions impassively keep watch on the city |