Survol du Kenya en parapentes motorisés
Le Kenya est un pays que j'ai beaucoup pratiqué en le survolant en aile delta et en réalisant la première de Lénana Point au Mont Kenya. Je me suis également largué à plusieurs milliers de mètres au dessus de "Masaï Mara Game Reserve" à partir du ballon d'un Anglais qui faisait un film. Dans la même réserve, à la grande surprise des Masaïs j'ai décollé du toit de Serena Lodge pour atterrir quasiment sur le dos d'une lionne qui sortait d'un buisson et que j'ai apperçu au dernier moment. Frayeur des deux côtés !
C'est au cours de ce voyage que j'ai eu l'idée d'organiser des Safari en Ballon.
J'ai gardé dans les yeux les images et les couleurs d'un pays fabuleux et j'y retourne aujourd'hui avec beaucoup de nostalgie.
Décollera ? décollera pas ?
Après notre "slalom" entre les "péages" clandestins de l'aéroport de Mombasa nous nous heurtons au casse tête chinois du chargement des 250 Kg de matériel dans le Cessna 206 que j'ai loué pour le transport de l'expédition.
Dans un bain de sueur, coincés en bout de piste entre deux Boeing, nous obtenons le feu fert de la tour de contrôle en nous demandant si notre avion va bien vouloir décoller. Après une course interminable riche en rebondissements, notre pilote finit par nous arracher du sol en tirant sur le manche avec une extrême douceur. "La portance est une fine fleur qui naît de la vitesse" ... la surchage est parfois une dure réalité des lois de l'air.
Mais cette fois-ci nous volons tant bien que mal et nous restons pendant longtemps au ras des marguerites sans trop oser prendre de l'altitude. La piste de Mombasa n'est bientôt plus qu'un mince ruban de béton perdu quelque part dans notre sillage. Mes calculs de poids, de volume et d'encombrement des baggages s'avèrent vraiment très justement calculés.
C'est parti ! C'est le début d'une aventure que j'ai préparé depuis quelques mois. J'avais déjà effectué une première tentative qui a tout simplement avorté . Le pilote choisi, merveilleusement bien dirigé par son conseiller en communication n'est pas venu. Le dit conseiller n'a rien trouvé de mieux que de m'avertir à 3 heures du matin que mon pilote ne viendrait pas à l'avion de 8 heures.
J'y ai laissé quelques économies conséquentes. Etant têtu et tenace comme tout bon Breton qui se respecte, j'ai remonté cette expédition avec deux nouveaux pilotes. Et le résultat me dit aujourd'hui que ma bonne étoile veillait peut-être au grain.
Amboseli
Le hasard de la vie, la réalisation de mon métier de photographe, la rencontre avec Philippe Laville pilote d'essai de la Voilerie Soubeyrat et avec Philippe Jeorgeaguet fabricant du système de motorisation Jet Pocket nous a réuni dans cet avion qui cahote et louvoie entre les nids de poule de la piste d'Amboseli.
Le Kilimanjaro nous accueille et nous fait la grâce du spectacle de ses neiges éternelles. Je ne soupçonnais pas alors qu'elles hébergent un l'aigle que j'aurai la chance de découvrir plus tard.
Sans attendre nous rencontrons Naftali Kio (responsable par interim de la réserve en l'absence de son Chef). Nous avons payé une petite fortune pour obtenir à Nairobi une autorisation de survol des parcs Amboseli et Nakuru. Quant à l'autorisation dans le Masai Mara, le problème se règlera sur place.
J'avais obtenu cet accord à Nairobi en Novembre dernier lors de ma première tentative avortée par désistement du pilote. Le prix demandé par le "Wildlife Departement" était alors raisonable.
Cette fois-ci il a soudainement augmenté étant multipliée par cinq la veille de notre départ. Je n'avais plus le choix, j'ai du céder au "chantage".
Ces droits sont habituellement demandés aux réalisateurs de films TV, publicitaires ou de production qui sont nantis de moyens autrement plus importants que ceux d'un pauvre photographe... mais c'est l'Afrique Bwana et si on veut faire avancer un projet, on paye sans discuter... ! ... et quelle différence y a t-il entre une camera pour faire un film de 35 ou 70 m/m et un Leica ?
Je me dis que cet argent servira pour la bonne cause et j'espère qu'il sera spécifiquement investi dans la lutte antibraconnage.
Naftali s'est avéré être un compagnon charmant et dévoué qui nous a aidé et laissé faire notre travail sans difficulté.
Premier vol
Sans le savoir le terrain que nous avons choisi pour décoller se trouve sur le chemin d'un troupeau d'éléphants qui nous rejoint par le côté sous le vent alors que nous étions hors des voitures en train de préparer nos appareils. Ils sont rentrés dans notre champ d'action sans même que l'un ou l'autre d'entre nous préoccupés par notre travail aient remarqué leur approche. Très organisés, leur avant et arrière garde nous a bien fait comprendre que nous ne devions pas faire de gestes inconsidérés... mais ces pachydermes intelligents (protégeant les petits au centre du troupeau) sont passés sans un bruit à quelques mètres en prenant bien soin de ne pas nous déranger et de respecter notre "territoire".
Dans la savane, le non respect de cette notion de territoire est intimement liée à la vie ou à la mort. Par exemple, dans un autre lieu ou dans une autre situation ces animaux ne nous laisserait pas les approcher à pied par le côté au vent à une distance inférieure à celle qui nous sépare d'eux en ce moment.
La "caravanne" passe et s'évanouit dans la nature. (Naftali les avait vu venir mais savait parfaitement bien que nous ne courrions aucun danger)
Philippe Laville n'avait jamais volé avec le Jet Pocket. Je savais pour avoir essayé l'appareil qu'un pilote de parapente de haut niveau n'aurait aucune difficulté à manipuler cette machine. Pari tenu, pari gagné. Philippe décolle sans difficulté et après quelques minutes de vol il entame une dance acrobatique d'une remarquable précision. Le spectacle sur fond de Kilimanjaro vaut le déplacement. Je me réjouis de mon choix final en pensant aux images que nous allons pouvoir faire.
"Ne tuez pas les éléphants"
Je me rappelle il y a une dizaine d'années avoir entendu au cours d'un pique-nique dans le Masaï Mara, non loin de la frontière Tanzanienne, des rafales d'armes automatiques de braconniers en action de chasse.
A la suite de cet évènement, je me suis promis de ne jamais manquer l'occasion de lutter contre ce carnage écoeurant.
Aujourd'hui grâce à ces photos j'ai la parole et la possibilité d'amplifier un message déjà lancé par beaucoup d'autres et qui mérite d'être répété sans cesse jusqu'au moment où l'Homme comprendra que s'il n'est pas capable de préserver les espèces animales en voie de disparition, il n'aura alors aucun droit de vivre sur cette terre.
Dans le passé la presse internationale diffusait l'annonce de massacres d'éléphants dans le Parc du Stavo. Pour un rapport de ce genre, combien d'autres carnages ont eut lieux dans le silence ?
Au Kenya une rumeur probablement véridique court : un jour un Lear Jet en provenance d'un pays arabe s'est posé directement sur la piste de Keekorok dans "Masaï Mara Game Reserve" . Des princes fortunés en sont descendus avec armes et bagages et ont été faire une partie de carnage en pleine réserve. Les chauffeurs de bus pour touristes en parlent encore avec émois car ils ont été les témoins de la tuerie en trouvant les carcasses d'animaux massacrés. La terreur règne et personne ne sera assez fou pour risquer de divulguer la nouvelle officiellement.
Les médias et les dirigeants de ce monde doivent bannir avec force le commerce de l'ivoire, ou de tout autre trophés mettant une espèce animale en danger.
Le public doit réfléchir avant d'acheter un trophé animal. Aucun d'entre eux n'est insignifiant et l'acquisition d'une seule bague en poil d'éléphant signe un arrêt de mort tout autant qu'une bague en ivoire.
La disparition d'une espèce est un glas qui sonne pour l'humanité.
Mes deux nouveaux amis comprennent bien le sens du message et font merveille. Grâce à eux et avec eux nous avons pu réaliser ces images spectaculaires qui deviennent de ce fait le vecteur de transport du message "Ne tuez plus les éléphants".
Nous avons passé une petite heure fiévreuse à l'écrire en anglais sur nos casques.
Un matin Philippe et Philippe effectuent un slalom entre les éléphants d'un troupeau qui me fonce dessus.
Cette charge ponctuée par la poussière de sel qui vole autour des animaux est grandiose mais devient très vite impressionante. Naftali et mon assitant me suplient en hurlant de démarrer. Résistant à la même envie (au demeurant de plus en plus incontrôlable) j'emmagasine quelques photos de la scène et n'attends pas plus longtemps de voir si le moteur de notre voiture veut bien remplir ses fonctions.
A ce qu'il paraît les animaux n'étaient qu'à quelques mètres derrière nous au moment où, première hurlante, je passait en seconde puis en troisième.
Un peu plus tard, selon une tactique bien connue les pachydermes se regroupent en cercle de défense. Ils ne voient pas plus loin que le bout de leur trompe qu'ils dressent verticalement en l'air afin de sentir et de reconnaître cet intrus qui leur "casse les oreilles".
Dès que je suis sûr d'avoir fait une bonne photo, je lance le signale d'interruption des vols et nous laissons nos amis se remettre tranquillement de leurs émotions.
Notre intrusion est probablement moins importante que celle engendrée par les milliers de voitures qui années après années détruisent le sol des Parcs et des réserves.
Que dire de ces pauvres lions qui tentent de manger leur proie dans un nuage de gaz d'échappement sous les flashs d'une ribambelle de touristes.
Il y aurait beaucoup à raconter sur l'exploitation financière des réserves au détriment de la vie sauvage.
Certains groupes d'intérêt économique puissants sont dirigés par des "prédateurs" qui bloquent ou retardent la réfection des routes d'accès et de circulation dans une réserve bien connue afin de mieux vendre les sièges de leurs avions charter et de freiner le développement de leur concurrents. Le résultat est que les touristes qui viennent par la route ne voulant pas rester bloqués quittent la piste défoncée pour essayer de passer à côté. Années après années pendant la saison des pluies des nouvelles ornières s'élargissent et se multiplient. Vu du ciel le sol n'est plus qu'un incroyable entrelacis de pistes et de labours dont les conséquences sont désastreuses pour le biotope.
Le tableau n'est pas aussi noir partout et il existe des bonnes nouvelles. Par exemple, à cause des voitures, le Parc National d'Amboseli se tranformait petit à petit en un désert de poussière de sel. Les autorités l'ont bien compris et ont heureusement interdit aux voitures de quitter les pistes.
Même les éléphants
Un soir lorsque nous quittons Serena Lodge le vent souffle à la limite des conditions de vol. Très vite nous repérons un troupeau d'éléphants qui prend un bain de boue dans un marais recouvert d'herbes d'un vert tendre et lumineux.
Sans grande conviction, nous préparons nos appareils non loin de là. Occupés par notre affaire, nous ne réalisons pas que deux éléphants se dirigent vers nous en mangeant.
L'un d'entre eux avec un comportement bizarre, nous oblige à évacuer la zone sans discuter en abandonnant sur place un des Jet Pocket... Il flaire la machine mais semble préoccupé par autre chose.
En fait il est dans tout ses états et entame alors un simulacre de combat avec sa compagne. Quelques instants plus tard il enroule sa trompe autour de sa patte arrière et l'attire vers lui fermement. Nous assistons alors à un accouplement éléphantesque sous une nuée d'oiseaux blancs qui s'envolent pour ne pas se faire piétiner.
Image idyllique dans la lumière du soleil couchant.
Sans le savoir nous venons de voir un évènement rare : Naftali le "Game Warden" nous fait remarquer qu'il n'avait encore jamais vu ou entendu parler de l'accouplement de deux éléphants mâles !
Pensez donc, ça arrive aussi chez les éléphants !
Il était dit qu'il n'y aurait pas de vols ce soir-là car nous avons du attendre jusqu'à la tombée de la nuit que les deux pachydermes s'en aillent s'ébattre ailleurs pour récupérer notre Jet Pocket.
Un oeil d'aigle
Le dernier soir de notre séjour à Amboseli, j'ai fait venir de Nairobi un merveilleux petit avion : le Cessna 210 "turbo charged" qui m'a permis sans problème de survoler le cratère du Kilimanjaro à 8500 mètres d'altitude. Je réglais ainsi un vieux différent avec cette montagne de légende qui ne s'était jamais "laissé faire" depuis dix ans où je voulais réaliser cette photo. En effet j'ai toujours trouvé le Kilimanjaro recouvert de son chapeau de nuages.
Cette fois-ci j'ai découvert que le sommet à son exacte verticale a la forme d'une tête d'aigle dont l'oeil est le cratère.
Il y a des moments privilégiés, véritable cadeau de la vie et ce soir là en est un.
La terre déjà s'assombrit alors que nous volons encore dans la lumière d'un horizon qui s'embrase. Là bas, tout en bas, au pied du Kilimanjaro, sous les nuages éparts, la plaine d'Afrique s'étale grouillante de vie. Un spectacle rare s'offre à mes yeux et j'ai le sentiment d'avoir la chance formidable de faire le plus beau métier du monde.
Un nuage de flamands roses
Une fois encore nous nous retrouvons coincés dans la carlingue de notre petit avion de location.
Sur terre, dans la Rift Valley des Masaïs sortent leur bétail de l'enceinte des Manyatas, (villages dont les cases en bouses de vaches sont disposées en cercle). Les couleurs ocres dominent et dans la lumière matinale le ciel au bleu fixe se parsème déjà de "trains" de nuages cotoneux. Notre avion salue mollement ces cumulus qui se chargent doucement en énergie selon un rituel aérologique quotidien établi depuis la nuit des temps.
La journée sera chaude et voler cet après midi serait certainement un peu plus mouvementé.
Le cratère du volcan "Longonot" défile sous nos yeux. Un avion s'y est crashé il y a plusieurs années. Son pilote s'est laissé prendre par le piège mortel du jeux de rase-mottes se faisant prisonnier des turbulences et du bouillonnement aérologique qui règne dans cette cuvette.
A son pied le lac "Naivasha" miroite comme un bain de mercure. Au fond de la Rift Valley une station d'écoute de satellites éclate de blancheur et marque le contraste entre le mode de vie millénaire du peuple Masaï et la technogie moderne la plus sophistiquée.
Nakuru est un lac salé où des milliers de flamands émigrent périodiquement au gré de la présence et du niveau de l'eau dans laquelle se développe une espèce d'algue dont se délectent ces oiseaux.
Suivant l'époque de l'année, ils sont plus ou moins roses.
Sous l'oeil curieux de Marc le "Chef Warden" de service, Philippe Jeorgeaguet tente le premier décollage. Il court, court comme un fou et semble ne jamais pouvoir s'arracher du sol.
L'altitude et la chaleur font que nos moteurs sont à la limite de la puissance nécessaire au vol. Le résultat est que le pilote doit courrir très longtemps pour enfin décoller lourdement à la limite du crash .
Les deux Philippes sont des athlètes en pleine forme et ils ont surtout un moral d'acier qui leur permet de surmonter toutes les difficultés que nous rencontrons. Leur adresse et leur qualité nous permet d'assurer les vols tant bien que mal dans des conditions extrêmes. Ils ont pris des risques énormes en faisant confiance au matériel et je n'ose penser aux conséquences d'une panne mécanique.
Signalons en parlant de risques que Philippe Laville à Amboseli a manqué un décollage à cause du vent qui a brutalement changé de direction au dernier moment. Je le revois avec horreur se crasher avec un bruit d'hélice qui éclate, de moteur qui soudainement devient silence. Rien ne bouge pendant un instant qui se fait éternité... Un "M...." sonore s'échappe du nuage de poussière qui déjà se dissipe. Tout va bien. Philippe désolé tient dans la main une chose poussièreuse qui semble être un Leica dont le boitier des piles a volé à dix mètres.
Après vérification du matériel, mise en place d'une nouvelle hélice il redécolle avec un autre appareil photo. Toujours aux limites, tout se passe bien cette fois ci.
Le crash arrive pour la même raison à l'atterrissage. Nous arrêtons les vols pour la journée. Il n'y a aucun mal corporel et Philippe Jeorgeaguet fait des miracles de mécanique.
Amboseli (traduction : tourbillon) est célèbre pour ces petites tornades de poussière qui comme des stalagmites gigantesques se plantent à l'envers dans la terre, montent soudainement vers le ciel, grossissent en ondulant et disparaissent tout aussi vite qu'elles sont venues.
Je pense à une époque où je mangeais au Mac Donald pour pouvoir m'offrir mes appareils photo. Aujourd'hui nous en avons matraqué deux qui après un nettoyage complet s'avèrent fonctionner parfaitement bien. La technologie allemande justifie sa lourdeur par une incroyable résistance. Certainement, très peu d'autres appareils auraient résisté à ces "coups de marteau". D'ailleurs Philippe emportera avec lui un de ces deux appareils pour survoler Nakuru.
Une "marée" rose se transforme en un nuage de flamands qui s'évadent dans tous les sens à l'approche du parachute. L'homme pendu au bout de ses suspentes sous sa voilure vole de concert avec les oiseaux. Mon appareil débite des kilomètres de film et le spectacle encore une fois est époustoufflant. Nous avons choisi les couleurs des ailes et des combinaisons en pensant d'une part à ce moment et d'autre part au contact avec les Masaïs du Mara.
Les flamands n'ont rien à envier aux Philippes en ce qui concerne la longueur de la course nécessaire au décollage. Avec des enjambées qui se transforment en pas de géant ils prennent l'air et reviennent se poser au même endroit d'un vol gracieux. Leur décollage et leur atterrissage est parfois comique. Ils ne semblent pas du tout à l'aise dans ces manoeuvres.
Je fixe fébrilement mes boitiers télécommandés à une perche fixée sur le ventre du pilote. L'oeil de l'objectif se tourne tour à tour vers ce dernier ou vers l'avant suivant le choix du moment. J'emploie un grand angle à cause de la grande plage de netteté (profondeur de champ) qui s'étend de quelques centimètres à l'infini. Ainsi en choisissant judicieusement le cadrage j'arrive à obtenir le portrait de Philippe portant son casque imprimé "Don't Kill the Elephants" en premier plan avec les flamands et l'autre parachute en arrière plan. Le truc est d'appuyer sur le déclencheur électrique au bon moment. Seul le hasard décide de la qualité des images car il est absolument impossible de connaître l'instant favorable de la prise de vue puisque personne ne regarde dans le viseur.
Ma bonne étoile veille au grain et nous avons pu copier en photo à peu près tous les dessins que j'ai fait en France avant notre départ sur un cahier pour montrer aux deux Philippe le résultat escompté et le montage du reportage.
Roland, un ami descendant de ces colons Anglais qui ont créé le Kenya et qui vit dans ce pays, nous accompagne à Nakuru. Il admire ces deux garçons remarquables qui volent en ce moment à 10 cm de la surface du lac.
Je m'exclame en plaisantant :
- " Hé Roland, la vie est vraiment trop dure.... j'ai le métier le plus pénible, le plus horrible du monde et ces deux Philippe ont réellement l'air de s'embêter la haut ! ..."
Roland répond :
- " J'ai l'impression que vous vivez votre vie mille fois plus vite et intensément que la plupart des gens que nous rencontrons dans les lodges."
En fait le bonheur est une petite étincelle toute simple et l'exploit consiste bien souvent à vouloir faire ce que l'on aime.
Sur ces bonnes paroles l'ami Laville attaque une sarabande acrobatique à faire pâlir d'envie la communauté de flamands roses dont certains manquent leur décollage dans un splash du meilleur style véliplanchiste. Lui s'il ne fait pas ce qu'il aime en ce moment ...!
En route pour le Mara
Une heure de vol nous sépare de "Masaï Mara Game Reserve". Je sais par expérience que les difficultés nous y attendent.
Comme je l'ai mentionné, j'ai vécu dans cet endroit magnifique où à chaque instant il se passe toujours quelque chose et l'histoire contemporaine du Mara est lourde de faits divers.
Il y a quelques années il n'était pas très rare de voir des bandes armées faire irruption dans les lodges en tirant sur tout ce qui bouge. Un jour, au petit matin, un groupe de touristes terrorisés est revenus à Governor's camp après avoir, pieds nus, transporté sur des dizaines de kilomètres toutes leurs affaires personnelles pour le compte de pirates armés qui menacaient purement et simplement de les exécuter à la moindre protestation. Sans connaître les lois de la savanne ils ont réussi l'exploit incroyable de rentrer vivants en pleine nuit au beau milieux d'animaux sauvages ! (Leurs pieds étaient complètement lacérés par les épines d'accacias)
De nos jours, les camps et les Lodges s'organisant des milices armées, le spectre de ce grand banditisme tend toutefois à disparaître. Même si des cas isolés d'agression existent encore puisqu'au cours de notre séjour des touristes résidants à Governor's Camp ont été dévalisés sans vergogne dans leur tente pendant la nuit...
Pourtant du côté de Keekorok Lodge une jeune fille a été trouvée morte déchiquetée à proximité de sa voiture. Personne n'explique l'événement. La liste est longue ....
Mais dans le Masaï Mara, de par le jeux de la nature, la vie et la mort se cotoîent comme deux bonnes amies. Ces notions ont ici une autre valeur. Ce jeux de la nature fascine l'homme moderne et force son désir d'un retour aux sources, son voyeurisme et une certaine forme de nostalgie pour cette grande fête sauvage.
Ainsi des "wagons" de touristes américains pleins de dollars débarquent dans le Mara. Les émules de Karen Blixen (Out of Africa) s'affichent en tenu Kaki façon chasseur blanc dans les lodges luxueuses et sirotent au coin du bar un cocktail exotique en contant avec un petit frisson la rencontre yeux dans les yeux avec le lion de service ou avec un buffle au regard glauque...
A chacun sa mode. Nous, on donne dans les couleurs plutôt criardes et fluo.... mais je raconte le voyage avec un temps d'avance et nous sommes toujours dans notre Cessna 206 ...
Un aigle effrayé, devant, plus haut, plonge en catastrophe et manque de nous percuter ...
Là bas sur notre gauche je reconnais la route qui va de Narok à Keekorok Lodge. Au loin se dessine l'escarpement qui surplombe les vertes prairies du Mara.
Scoop en direct
Par radio j'appelle Keekorok Lodge où se trouve le " Chief Game Warden". On nous confirme sa présence.
Ayant atterri, nous ne le trouvons pas. Par radio toujours on apprend qu'il se trouve à Serena Lodge. Qu'à celà ne tienne nous décollons vers Serena qui se trouve à un quart d'heure de vol.
Le nouveau "Chief Game Warden" vient de prendre ses fonctions et il nous attend sur la piste avec son adjoint.
Je montre des dessins expliquant clairement notre intention de survoler les animaux à très basse altitude pour faire nos photos.
L'atmosphère est lourde et pleine de sous-entendus. Il eut été très interessant de pouvoir mettre à jour la pensée de chacun à ce moment...
On me dit que je dois demander la permission de voler au bureau central à Nairobi. Cela a déjà été fait mais rien à faire, mes interlocuteurs ne veulent rien entendre. Nous savons tous que le bureau central de Parcs Nationaux n'a aucune autorité sur cette réserve.
A la suite de ce dialogue de sourds nous redécollons pour nous installer dans un des camps les plus prestigieux du Kenya au pied de Ololo Escarpement à "Kichwa Tembo Camp".
Par radio, et par l'intermédiaire d'un ami le Wildlife Departement de Nairobi me reconfirme que l'autorité dans le Mara est le "Chief Game Warden" local.
Je retourne le soir même à Serena pour rencontrer son assistant et lui expliquer que je suis prêt à payer la petite fortune conseillée par le bureau central de Nairobi, mais que je ne suis pas du tout prêt à attendre la fin de mon séjour pour payer et m'en aller sans voler ni faire mes photos.
Je finis par obtenir la permission demandée. Je sais qu'il faut faire vite, très vite. J'établis un programme de travail en conséquence : les lions d'abord, ensuite les photos avec les Masaïs et je décide de voler pour mon plaisir seulement après avoir assuré ces prises de vues.
Je me réjouis à la pensée d'aller tourner autour des "Balloons Safaris" qui évoluent non loin de là tous les matins avec leur plein de passagers.
Les pilotes anglais salariés qui font tourner l'affaire apprennent que je suis le fondateur de cette entreprise et m'invitent à voler avec eux.
Le Safari en Ballon est devenu de nos jours une des activités touristique la plus rentable du Kenya. L'affaire dégage plusieurs millions de dollars de profit tous les ans. Une vingtaine de ballons survolent le Mara en embarquant journalièrement une douzaine de passagers chacun. (Pour les amateurs, il vaut mieux réserver sa place à l'avance).
Après 4 ans de lutte pour la survie de cette entreprise j'en ai perdu le contrôle au moment ou l'évolution de la technique allait transformer mon rêve en une des plus formidable mine d'or "volante" de notre époque.
Des collaborateurs peu scrupuleux trouvèrent plus rentable de faire en sorte que je finisse par m'écarter des affaires afin d'avoir le champ libre pour organiser un trafic peu recommandable qui s'est heureusement terminé dans les prisons du Narok County Council (chef lieu local) et par une expulsion et une fuite du pays de toute l'équipe.
J'étais à ce moment là en France en train de me démener avec des problèmes de survie élémentaire tout en m'acharnant, pour me reconvertir, à transformer une vieille passion en un métier de photographe.
Mais revenons à notre reportage sur les parapentes. Ayant donc reçu le feu vert des autorités locales nous nous levons très tôt le lendemain matin. Pratiquement à 500 mètres du camp 2 lions dégustent les restes d'un phacochère.
La lumière est superbe et l'orientation du vent est idéale pour permettre des passages en vol au bon endroit.
Philippe et Philippe s'équipent et je leur recommande encore une fois de ne pas descendre plus bas que les arbres afin d'une part de ne pas déranger les lions pendant leur repas et surtout d'autre part de ne pas leur servir de repas de substitution.
Je vais me mettre en position avec la voiture. L'idéal eut été d'employer un télé objectif et de faire des photos à grande distance. Mais ce n'était pas possible, les hautes herbes faisant écran ils n'auraient pas été visibles sur la photo. Je me contenterai d'une image avec les animaux en premier plan et au loin en tout petit: les parachutes...
Quelques voitures de touristes s'attardent et finissent par s'en aller à l'heure du breakfast. Nous en profitons et les deux Jet Pocket décollent.
J'ai vérifié mes Leica qui sont pour la circonstance équipés de "grands angles". (Ne prévoyant pas utiliser le télé, je n'ai pas vérifié l'appareil fixé sur cet objectif qui reste enfermé dans sa valise).
Les parachutes arrivent et rien ne se passe comme prévu. Dès le début les lions intrigués quittent leur festin et s'éloignent en trottinant dignement vers une zone ou les herbes sont moins hautes.
J'ai en fin de compte peut-être plus de chances que prévu :
Fiévreusement, avec la voiture, je m'écarte largement et je contourne les deux félins à grande vitesse pour aller me positionner 200 ou 300 mètres devant eux sur leur trajectoire présumée.
Il faut avoir un oeil sur le terrain, un autre sur les lions, penser à fermer la fenêtre à cause de la poussière au moment du coup de frein, ratrapper un appareil qui "saute" hors du sac, conduire avec les genous, passer les vitesses, calculer dans l'espace la trajectoire du parachute et le chemin que vont prendre les lions en fonction du vent, du terrain et du refuge de la forêt toute proche. A la volée j'attrappe la boite du télé de 280 mm, l'ouvre, freine tout en conduisant avec le genou. Je réouvre la fenêtre, les lions arrivent, moteur coupé, je me cale sur la portière. (Au ranger qui m'accompagne: "please don't move". Les sursaut d'une personne transmis au véhicule peuvent me faire faire des photos floues) D'un oeil je fais la mise au point sur les lions, de l'autre je contrôle la trajectoire du parapente qui rejoint presque déjà celle des animaux. Instant magique !
Je tente de calmer la petite exitation intérieure du chasseur d'images sur le point de faire une photo importante.
Une vielle habitude et un petit quelque chose dans mon subconscient me poussent à vérifier mon appareil. Horreur! ... la petite fenêtre témoins est vide de film. Fébrilement, je change de boitier et retrouve presque la composition initiale. Woouf! Je me mets à photographier en rafale au moment même où le premier parachute rentre dans le cadrage.
Je reconnais dans le viseur Philippe Laville à son sourire. A l'inverse de tous mes conseils il survole le lion à quelques centimètres !
Un instant qui me semble être une éternité le lion se retourne, regarde Philippe entre quatre yeux, hésite, ralentit un peu et se remet à courrir de plus belle.
Il avait des beaux yeux
"C'est super, quand j'approchais le lion, il s'est retourné et nous nous sommes regardés les yeux dans les yeux. De toute ma vie je ne l'oublierai jamais. Il avait des yeux magnifiques avec des paillettes jaunes. En tout cas nous nous sommes bien compris tous les deux..."
En rentrant au camp le ranger qui nous accompagne me tire par la manche et pointe dans la direction de la carcasse : les 2 lions terminent tranquilement leur festin. Il me fait remarquer que cette rencontre d'un autre genre ne semble pas leur avoir enlevé l'appétit et qu'après tout notre engin volant est un moyen intéressant de visiter les réserves.
Nous exultons car nous savons que le succès de notre reportage repose sur ces prises de vues.
Je n'ai pas le courage de reprocher à Philipe d'avoir pris tant de risques et je me souviens avoir fait à peu près les mêmes bêtises à une autre époque. Il faut bien que jeunesse se passe....
Notre chance est absolument insolente surtout à cette période de l'année. La saison des pluies s'est installée sur Amboseli le lendemain de notre départ. Nous apprenons qu'il pleut également à Nakuru et ici le temps est au beau fixe.
Le jour suivant notre bonne étoile veille encore et nous faisons les dernières photos clés du reportage avec les Masaïs.
Après cela, le ciel ou les Dieux peuvent bien nous tomber sur la tête, le sujet est comme on dit en jargon du métier "dans la boîte"...
Les Dieux sont tombés sur la tête
Il était écrit que je ne volerai pas au dessus du Mara car le soir même le secrétaire du Narok County Council (je ne sais pas son nom car il n'a pas eu la moindre politesse de se présenter) accompagné du Game Warden (dont je ne connaît d'ailleurs que le prénom) vient nous interdire de voler et me convoque à son bureau à Keekorok Lodge. N'ayant volé que pendant 2 jours je réclame sans illusion et en vain le remboursement des sommes d'argent importantes que j'ai versées pour avoir le droit de voler et de faire des photos pendant au moins 8 jours. La situation est compliquée et difficile à comprendre.
Le lendemain le ranger en service au camp s'attache à nos baskettes et nous suit partout nous demandant où nous allons à chacun de nos mouvements.
Ca sent le roussi et nous ressentons la forte impression d'être prisonniers. Trois hyppothèses s'offrent à nous:
La première, pour des raisons que nous ne connaissons pas ces gens là veulent nous coincer méchamment et tentent de nous attirer sur leur terrain hors des yeux et des témoignages des touristes. Dans ce cas il faut faire venir notre avion sans tarder et trouver un moyen de rejoindre Nairobi ou Mombasa.
La deuxième est l'alternative d'une négociation "commerciale" dans laquelle il faudra encore payer plus d'argent pour continuer à voler ou tout simplement pour pouvoir repartir à temps pour prendre notre vol retour vers l'Europe à Mombasa.
La troisième, serait une très vieille histoire. La rumeur d'un règlement de compte au milieu duquel nous nous trouvons par hasard circule. Nous serions devenu le prétexte attendu pour une scéance de "ménage local"... L'avenir nous le dira. Si le grand braconnage s'intensifie ou non dans cette région c'est que cette rumeur était la bonne hypothèse.
Ayant les photos principales "dans la boîte" nous choisissons la sécurité d'une fuite intempestive. Au lever du jour nous quittons le camp en douce.
Comme pour confirmer notre choix la pluie se met à crépiter sur le pare-brise de notre avion au moment où nous quittons le sol du Mara en route vers Mombasa.
Avec un soupir de soulagement, je me dis que les autorités du Kenya devraient quand même prendre conscience du fait que le Masaï Mara est un peu la vitrine du tourisme dans leur pays et qu'il s'y passe beaucoup de choses.
L'industrie touristique Kenyane en vogue actuellement "surf" au sommet sur la vague du succès international... le "splash" pourrait bien être très brutal. Les conséquences d'un tel crash pourraient être désastreuses pour l'économie et la stabilité du pays si par malheur cela se produisait.
Encore une fois le décor volcanique de la Rift Valley s'offre à nos yeux et nous laissons les lacs Magadi à gauche et Natron sur notre droite avec à son extrémité le volcan Ol Donio Lengaï (montagne sacrée des Masaïs).
Un peu plus tard, à notre passage, le Kilimanjaro se découvre et soulève un instant son chapeau de nuages comme pour nous saluer.
La journée à Mombasa se passe sans encombre et après un gueuleton de langoustes et de crabes au fameux restaurant "Tamarind", nous nous retrouvons sans transition dans l'antichambre d'un monde moderne, en vol à 900 km/h à 11 000 mètres d'altitude , bichonnés par une équipe d'hôtesses de Lauda Air. La complicité qui règne dans notre groupe les intrigues et très vite elle nous posent quelques questions...
Quand je pense que pour un de mes nouveaux amis ce voyage est sa première escapade en dehors de notre douce France !
"Vive le tourisme!" s'esclaffe- t-il au même instant.
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Mention obligatoire : texte par Alain Guillou
Important : Cette expédition a été sponsorisée par Alain Guillou avec l'assistance de :
- la fabrique d'appareils photos Leica Allemagne,
- la Voilerie "Parapentes Soubeyrat".
- les Etablissements Jeorgeaguet pour la mise en service des Jet Pocket.
- "Kichwa Tembo Camp" : Hébergement dans le Masaï Mara.
Nous vous serons reconnaissants de bien vouloir les mentionner dans la publication. (adresse à la fin de ce document)
Important: This expédition was sponsorised by Alain Guillou with the help of :
- Leica - RFA for the cameras
- the parapente factory "Voilerie Soubeyrat"
- the Jet Pocket constructor Philippe Jeorgeaguet.
- Lodging in the Masaï Mara Game Reserve was given by : "Kichwa Tembo Camp"
We would be gratefull to you if you can name them in the published report : see their adresses at the end of this document.
Composition de l'équipe
Philippe Jeorgeaguet - Pilote et concepteur du Jet Pocket
Philippe Laville - Pilote d'essai pour la Fédération de Parapente et la fabrique de parapente "Voilerie Soubeyrat"
Alain Guillou - Organisateur/Photographe et pilote occasionnel
Informations
Le Jet Pocket est l'engin volant motorisé le plus léger existant à l'heure actuelle. Le moteur se porte comme un sac à dos et le poids total de l'appareil avec sa voilure se situe autour de 30 Kg.
La seule difficulté de mise en oeuvre est le gonflage de la voilure au sol avant le décollage. Passé ce cap la conduite du Jet Pocket est instinctive et le pilotage est de loin le plus simple que l'on ait jamais inventé. Le pilote tire sur une suspente (un frein) du côté où il veut tourner. Pour monter et descendre il augmente ou réduit les gaz. La stabilité sur la trajectoire est étonnante et le Jet Pocket est probablement l'engin le plus facile a piloter existant à l'heure actuelle.
Cette facilité d'usage ne veut absolument pas dire qu'il n'y a aucun danger. Les amateurs devront apprendre très sérieusement les lois de l'aérologie et devront en plus bien évidemment passer un brevet de pilote ULM (voir fiche pratique ci-après).
Mise en oeuvre :
Le pilote étale la voilure de son parapente sur le sol et fixe les suspentes au bloc propulseur. Le parachute est disposé de telle manière que dans la première phase du décollage (course rapide face au vent), la voilure va se gonfler, remonter et se mettre en position au-dessus de sa tête. Ce dernier inspecte l'ensemble d'un coup d'oeil par dessus son épaule tout en continuant de courrir.
A ce stade il suffit de mettre les gaz pour que très vite on ne sente plus le poids du moteur qui est pris en charge par la voilure. Le décollage intervient quelques mètres plus loin suivant la force du vent.
L'atterrissage est probablement la phase la plus délicate du vol. Il doit être absolument parfait à cause du poids du moteur. Le pilote coupe le contact moteur en finale d'approche (pas question de se poser avec une hélice en action dans le dos) . Il conserve sa vitesse (et accélère éventuellement) jusqu'au moment où à la bonne distance du sol il tire fermement sur les deux "freins". L'appareil se cabre, "arrondit" se freine et le contact avec le sol se fait alors avec une vitesse quasiment nulle. (le choc occasionné par un bon atterrisage ne doit pas être plus violent que celui ressenti lors d'un saut de la hauteur d'une chaise).
Fiche technique du Jet Pocket
Moteur: 2 temps bi-cylindre de 425 CC
Puissance : 22 Cv
Démarrage : lanceur manuel à corde
Réservoir : 1O litres.
Poids bloc propulseur : 3 versions de 17, 19 et 24 Kg
Encombrement hauteur 1,10 mètres
largeur 1,10 mètres épaisseur 40 cm
Montage instantané
Vitesse 45 km
Taux de montée : + - 2 à 3 m/s suivant le poids du pilote et parapente employé.
Décollage: entre 5 et 20 mètres (en fonction du vent)
Atterrissage : ponctuel
Parapente utilisé : finesse 5,1 surface 26 m2
Poids du parapente : 4 Kg
Pour acheter un Jet Pocket :
Philippe Jeorgeaguet
Route de Chanelle
03140 Chantelle
Téléphone : 04 70 56 66 09
Pour apprendre :
Comment voyager d'un façon originale au Kenya:
SIGNET HOTELS & LODGE LTD
Bruce House
Po Box 59749 Standard Street
Nairobi
Kenya
Téléphone : 72 37 76 Fax: 72 37 38. Telex : 22066
Page précédante
STOP KILLING THE ELEPHANTS
Texte en français
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Kenya as seen from a motorised Paraglider
Copyright Alain Guillou . Pictures done withe a Leica camera
Kenya is a country I experienced from many angles 12 years ago, flying over it in a hang glider and making the first hang glider descent from the Mount Kenya. I also launched from a balloon piloted by an Englishman who was making a film, several thousand meters above the Masaï Mara Game Reserve. There in the reserve, to the great surprise of the Masaïs, I once took off from the roof of the Serena Lodge and very nearly landed on the back of a lioness emerging from a bush, unseen by me until the last minute.
It was during that trip that the idea of organizing "safaris in a balloon" first came to me .
The images and colours of an extraordinary country still clear in my memory's eyes, I return to Kenya today with a great deal of nostalgia.
Will it or won't it fly ?
After making our way through the obstacle course of Mombasa airport's "unmarked tolls", we find ourselves faced with the complex and challenging task of loading 250 kilograms (550 pounds) of equipment into the Cessna 206 I had rented as transportation for our expedition.
Wedged between two Boeing jets at the edge of the tarmac, the sweat running down on us, we wonder whether our plane can be thrusted to take off. Then the green light comes from the control tower and we begin our take-off roll. After a seemingly endless time and many ups and downs, our pilot finally manages to pull us away from the ground with an amazingly gentle tug at the controls. "Lift is the culmination of gathering speed". And by the laws of aerodynamics, excess baggages can be a harsh reality.
But this time, we are air-born, flying as well as could be expected. We continue to hug the terrain very closely for a long while, not daring to take altitude. The Mombasa runway eventually becomes a thin concrete ribbon lost somewhere in our wake. My calculations of the weight, volume and encumbrance of our baggage have turned out to be very close indeed .
And so we were on our way ! This was the beginning of an adventure several months in the making. I had already tried to organize this journey once before, but my plans collapsed in November 1988 when the chosen pilot, remarkably well-guided by his communication "adviser" could manage nothing better than to call me at 3 o'clock in the morning to inform me that the plane and the pilot would not be arriving for our 8 o'clock departure.
I lost quite a bit savings in the process, but being stubborn and persevering like any self respecting Breton, I re-scheduled the expedition with two new pilots. Looking at today's outcome, my impression is that my lucky star may have been keeping watch.
Amboseli
Life's unpredictable ways, my career as a photographer and my meeting with Philippe Laville, test-pilot for Soubeyrat Sailmakers, and Philippe Jeorgeaguet, builder of the Jet Pocket motor for paragliders, had brought us together in a plane now making its way, lurching and swaying, between potholes in the Amboseli runway.
The Kilimanjaro welcomes us, honouring us with the sight of its eternal snows.
Immediately on arriving, we meet Naftali Kio, acting warden of the reserve in the chief warden's absence. It has cost us a small fortune for authorization from Nairobi to make flights over the Amboseli and Nakuru Parks. (As for the Masaï Mara Game Reserve, the problem of a permit would be dealt on site).
Last November, in my first attempt at organizing this trip (aborted, thanks to the pilot), I had obtained a similar authorization from Nairobi. The Wildlife Department's fee at the time was reasonable.
This time, the fee was five time that amount, an increase having gone into effect the day before our departure. I was left with no other choice; I had to accept the extortion.
Filmmakers shooting television, advertising or feature-film footage are usually charged such fees, although their financial means tend to exceed those of a poor photographer. But this is Africa Bwana, and you have to be willing to pay up if you want to move ahead on a project. What is the difference, anyway, between a 35 mm or 70 mm cinematic camera and a Leica?
I told myself that the money would serve an honourable cause and I hoped that it would specifically be used to fight animal poaching.
Naftali was to become a delightful and devoted companion to us, letting us go about our work without any trouble when he was not actually helping us.
First flight
Unwittingly, we had chosen a launch site in the path of a herd of elephants. Approaching with their downwind side to us as we readied our flight gear away from our cars, they moved into our vicinity. Not one of us, engrossed in our work, saw them coming. Very organized, their vanguard and rear guard made certain that we knew not to make any rash movements. But these intelligent pachyderms, protecting their young in the middle of the pack, silently passed by us at a distance of a few meters, taking great care not to disturb us or violate our "territory".
On the savanna, there is an immediate connection between disregard for the concept of "territory" and life or death. In another place, in other circumstances, for example, the same elephants would not have allowed us to approach on foot upwind of them as near as we had been just now.
Their "caravan" passes, disappearing into wilderness. (Naftali had seen them coming but knew beyond any doubt that we were in no danger).
Philippe Laville had never flown with a Jet Pocket before. From having tried it myself, I knew that an advanced paraglider pilot would have no trouble operating the motorized mechanism. The proof would come with the trying: Philippe takes off without a problem and a few minutes later, is performing aerobatic maneuvers with remarkable precision. With the Kilimanjaro for a backdrop, it is a sight worth the journey. I was right in my final selection, I think to myself, imagining the scenes we would be able to capture on film.
"Stop Killing the Elephants"
I remember picnicking some 10 years ago in the Masaï Mara, not far from the Tanzanian border, and hearing bursts of fire from the automatic weapons of poachers on a hunt.
The experience made me vow never to miss an opportunity to fight against the horrifying slaughter.
Today, thanks to these photos, I have the voice and the opportunity to further the message that many have already sent out, a message that should be kept alive until man understands that unless he can preserve the endangered species of animals, he will not be worthy of inhabiting this Earth.
Several months ago, the media around the world disseminated the report of elephants being massacred in Tsavo Park. But for every report of this kind, how many other slaughters have taken place in silence ?
According to a rumour circulating in Kenya--and it is the most likely factual--a lear jet from a Midle East country one day flew in non-stop, landing on the Keekorok runway in the Masaï Mara Game Reserve. Wealthy princes descended from the plane with weapons and bags and went on a hunting spree right in the middle of the reserve. Tour bus drivers, who came across the carcasses of the massacred animals, still talk about it with a sense of shock. The terror is pervasive; no one would be foolhardy enough to risk coming out with story on record.
The leaders of this world and the media must take forceful action to eradicate the ivory trade or trade in any other animal trophy to the endangerment of species.
The public should think before buying an object plundered from an animal. Not one of them is harmless. The purchase of an elephant-hair ring, like the purchase of an ivory ring, is another death warrant sign.
The death of a species is a death knell tolling for humanity.
My two next friends, who fully understood the meaning of the message, would do a remarkable job: Thanks to them, together we would be able to take these spectacular images which are now a means of conveying that message: "stop killing the elephants!"
We spent the better part of an intense hour inscribing the English words on our helmets.
One morning, Philippe and Philippe are to be found working their paraglider over a herd of elephants making straight for me.
The sight of the charging elephants with clouds of powdery minerals dust marking their stride, is magnificent. Very quickly, however it becomes unnerving. As Naftali and my assistant plead with me at the top of their lungs to start up the car, I fight my increasingly uncontrollable desire to do just that and manage to shoot several frames of the scene. Not letting another second elapse, I make sure the engine of our car can be trusted to do its job.
Apparently, the elephants are barely a few meters away from us, as I shift from the very audible top limit of first gear into second, and to third.
A short time later, applying a well known defense tactic, the elephants group themselves in a circle. Unable to see farther than the ends of their trunks, they raise their trunks into the air, trying to identify the noisy intruder by his scent.
As soon as I am sure of having taken a good picture, I give the signal to land and we let our friends recover from their ordeal in peace.
Our intrusion probably amounts to less than the intrusion of the cars numbering in the thousands that, year after year, erode the soil of the parks and reserves. There are the lions who must try to eat their prey while subjected to exhaust fumes and camera flashes from a steady stream of tourists;
A great deal has yet to be told about the operation of the reserves for financial benefit and its detrimental effects on wildlife.
Some powerful economic interest groups are run by "predators" who block or delay repairs on access roads and main roads in a well-known reserve in order to sell more seats on their charters flights and hold back competition. As a result, tourists travelling by car, to avoid being stranded drive to the side of the impassable tracks. After years of traffic in the rainy season, new ruts appear and deepen. From above, the ground is a dense interlacing of tracks and furrows with disastrous consequences for the ecosystem.
The picture is not this grim everywhere and in some cases, the news is actually good. For example, where car traffic was once slowly turning Amboselli National Park into a desert of fine mineral salts, the authorities saw what was happening and have since banned off-road driving.
Even Among Elephants
On our way out of Serena Lodge one evening, with the wing blowing at a speed just safe enough for flying, we spot a herd of elephants taking a mud bath in a swamp of luminous, soft green grasses.
Although not totally convinced we would fly, we begin readying our equipment not far from there. Involved in our work, we fail to notice two elephants making their way towards us eating as they advance.
The sudden strange behaviour of one of them causes us to clear out of the area leaving a Jet Pocket behind. The elephant sniffs at the machine, but seems preoccupied by something else.
In fact, he is far from calm as he joins his companion in mock combat. A few seconds later, he curls his trunk around her hind leg and firmly pulls her toward him, at which point we become witnesses to an elephant mating scene under a cloud of white birds that has taken to the air to escape being trampled. An idyllic scene by the light of the setting sun...
Unknown to us, we had just seen a rare event : Naftali, the Game Warden, remarked that he had never seen nor herd of two male elephants mating! Imagine--it even occurs among elephants !
It was written somewhere that we would not fly that evening. We has to wait until nightfall for the two elephants to take their recreation elsewhere and finally retrieved our jet pocket.
The eagle's eye
On the last evening of our stay in Amboseli, I had a turbo-charged Cessna 210, flown in from Nairobi. Without a problem, this fabulous small plane took me over the crater of Kilimanjaro at an altitude of 8,5OO meters (27,887 feet). It was my way of settling and old score with this mountain of legend which, for 10 years, has resisted my attempts to photograph it. Every other time I had flown over only to find it covered by its cap of clouds.
This time, I discovered that its peak, when seen from directly above, is shaped like an eagle's head with the crater as it eye.
There are some privileged moments in life and this evening is one of them.
Over an already darkening ground, we continue to fly by the light of the horizon set ablaze. Far below, through scattered clouds, the African plain teeming with life extends outward from the foot of Kilimanjaro. As I took out onto this rare spectacle, I feel that no other profession in the world would equal in beauty what I am lucky enough to be doing now.
A cloud of Pink Flamingoes
Once again, we fins ourselves wedged inside the cabin of our small rental plane. In the Rift Valley below, some Masaïs are herding their cattle out of their "Manyatas" (village formed by a ring of huts made from cow dug). Ocher colors predominate and the fair, blue, morning sky is already starting to form "streets" of cottony cumulus clouds. Our plane offers little resistance to them as they gently gather energy according to the daily ritual of atmospheric convection that has taken place since the beginning of time.
The day promises to be a hot one and the air much rougher for flying by the afternoon. The crater of the Longonot volcano passes by under our gaze. Several years ago, a plane crashed there. The pilot fell victim to the fatal trap of low-altitude flying by getting caught in the turbulent, churning convection currents that rule inside the bowl of the crater.
At the foot of the Longonot, Lake Naivaisha shimmers with a mercurial sheen. At the bottom of the Rift Valley, a bright flash of white from a satellite communications station marks the contrasts between the millennia-old lifestyle of the Masaï and the most sophisticated modern technology.
Nakuru is a salt lake to which thousands of flamingos periodically migrate providing that water is present and deep enough to nurture a sort of algae that these birds are very fond of.
The flamingos can be pale or dark pink in colour, depending on the time of the year.
Under the curious gaze of Mark, the chief warden on duty, Philippe Jeorgeaguet is the first of us to attempt a flight. Running furiously, he seems unable to tear himself away from the ground.
Due to the heat and altitude, the motors are producing barely enough power for flight. When that happens, the pilot has to run much farther and eventually lifts grudgingly off the ground, verging on a crash.
The two Philippes are in good athletic condition, but more importantly, their strong spirit enables them to overcome any obstacle we encounter. Thanks to their skill and ability, we would keep flying as well as could be expected even in extreme conditions. They would take enormous risks, entrusting their lives to our equipment. I keep myself from thinking about the consequences of a mechanical failure.
On the subject of risks, back in Amboseli, one of Philippe Laville's attempts at take-off failed when the wind abruptly shifted at the last minute. I can still feel the horror of watching him crash with the sound of the propeller snapping and the motor suddenly falling silent. Then, a resonant "hmmmm" made itself heard from a dissipating cloud of dust. All was well: An apologetic Philippe emerged carrying a dusty object resembling a Leica camera. Its battery pack had been sent flying over some 10 meters.
After checking out the equipment and replacing the propeller, Philippe took off with another camera. Although still touch and go, the second take off was a success. But the crash came on landing, with another shift in wind. We stopped flying for the day. There was no bodily harm done and Philippe Jeorgeaguet managed to work miracles as a mechanic.
Amboseli (which means "whirlwind") is famous for its small dustladen twisters which, resembling giant stalagmites inverting themselves, take hold in the ground and suddenly rise toward the sky, expanding as they spin, only to disappear as abruptly as they appeared.
I remembered the days when I would limit myself to MacDonald's fare to save up enough money to buy cameras. In the space of one day, we has battered two of them, after a thorough cleaning, they check out in perfect working order. By its incredible resilience, German technology makes up for its heaviness : no many other cameras could have taken such a beating. In fact, Philippe was about to take one of them along with him over Lake Nakuru.
A pink "tide" turns into a flock of flamingos fleeing in all directions from an approaching parachute. Hanging by the cords of his sail, a man flies in harmony with the birds. I shoot frame after frame of the scene, yet another breath-taking one. This was one of the moments we has in mind--meeting up with the Masaï Mara was the other--when we chose the colors of our canopies and flight suits.
The two Philippes would be no match for the flamingos in a contest to see which would have the shortest run-up to being air-borne. Their steps turning into a giant stride, they take to the air and return from a graceful glide to rest in the same spot. Their take-off and landing can be comical. They appear ill at ease as they go about it.
I nervously keep track of my remote-controlled cameras mounted on a support attached to the pilot's torso. The eye of the lens can alternately aimed straight ahead or at the pilot. I am using a wide-angle lens for its greater range of focus (depth of field) which extends from several centimeters to infinity. With the right choice of positioning, I manage to catch the flamingos and Philippe wearing his helmet inscribed with "Don't kill the elephants" in the foreground of a picture with the other parachute in the background. The trick is to press the remote shutter release at the right moment and since there is no one looking through the viewfinder to know if the moment is right, chance alone determines whether the picture will be a good one or not.
My lucky star still riding with me, we managed to reproduce on film nearly every sketch I had made in my notebook before leaving France to show the two Philippes the results I was looking for and how it would all be structured.
Roland, a friend who lives in Kenya has come with us to Lake Nakuru. He is a descendant of the English settlers who founded the country. He watches in admiration as the two Philippes fly 10 centimeters (4 inches) above the lake's surface.
Jokingly I ask him, "Roland, don't you think this is a tough lives ? I have the hardest job in the world and the two Philippes look very bored up there !"
"I have the impression you live a thousand times faster and more intensely than most of the people we come across in the lodges," he answers.
Indeed happiness is a single, small spark and very often, the feat is a matter of doing what you like best.
These thoughts in mind, I watch my friend Laville perform an aerobatic saraband worthy of the envy of the assembly of pink flamingos, as some of them abort their take- off with a splash, all in the purest of windsurfing style. If Philippe is not doing what he likes best, what possibly could that be ?
En route for the Masaï Mara
We has only one hour of flying time separating us from the Masaï Mara Game Reserve. I knew from experience what difficulties lay in store for us there. As I mentioned earlier, I once lived in this magnificent setting where incidents abound. The contemporary history of the Masaï Mara is fraught with them.
Only several years ago, it was not a very rare occurrence to see an armed gang break into a lodge, shooting at anything that moved. One morning at day-break, a group of terrorized tourists returned to Governor's Camp after having walked bare foot for tens of kilometers transporting all their personal belongings for armed robbers threatening to kill them at the slightest sign of protest. Ignorant of the laws of the savannah, they managed the incredible feat of making it back alive in the darkness of night with wild animals roaming around them ! (their feet were covered in scratches from acacia thorns.
Nowadays, since the camps and lodges have their own armed security units, the menace of such banditry is receding, although isolated incidents of aggression apparently still occur : One night during our stay, everything belonging to some tourists at Governor's Camp was brazenly stolen from their tent.
Still last October, near Keekorok Lodge, a young woman was found butchered not far from her car. No one had any idea of how it happened. There is a long list of this type of occurrence... But in the Masaï Mara, life and death are brought together by the work of nature, like two good friends. They are notions of a different value here. Modern man is fascinated by the forces of nature at work which bring out his longing to return to simple ways, his voyeuristic side and a sort of nostalgia for this great celebration of untamed life.
And son "droves" of American tourists with dollars to spare descend on the Mara. The latter-day Karen Blixens make themselves seen sporting the khaki styles of the white hunter at the luxury lodges. They sip exotic cocktails at the corner of a bar, shuddering as they tell-their tales of coming eye-to-eye with the resident lion or an eerie-eyed buffalo.
To each his own tastes in fashion. For our part, our style tends toward the flashier, fluorescent colours... But I am getting ahead of the story of our journey... We are still in the Cessna 206 when a startled eagle out ahead of us takes a quick dive, almost colliding with our plane. To our left, I recognize the road that runs from Narok to keekorok Lodge. In the distance lies the escarpment overlooking the green prairies of the Mara.
A live scoop
I radio ahead to Keekorok Lodge. The Chief Game Warden should be there and we are given confirmation that he is.
But he is not found when we land. With another radio call, we find out that he is at Serena Lodge. And--why not?-- we take off for Serena Lodge, a 15-minute flight away.
The Chief Game warden, who is new in his job, is waiting for us on the airstrip with his deputy.
I show them a few sketches clearly outlining our intention to take pictures of the animals from very low altitude.
The air is thick with innuendo. It would be interesting to know what thoughts were running through each of our minds at the time.
I am told to apply for a flight authorization at the central office in Nairobi. That had already been done, but nothing I say can convince them. We all know very well that the Masaï Mara reserve does not fall within the jurisdiction of the National Parks central office.
Eventually, having gotten nowhere in our dialogue of the deaf, we leave in our plane and settle in at one od the most prestigious camps in Kenya, Kichwa Tembo Camp, at the base of Ololo Escarpment.
Over the radio-- a friend assisting with communications-- the wildlife Department in Nairobi confirms that the local chief game warden is the authority for the Masaï Game Reserve.
I go back to Serena Lodge that evening to see his deputy and explain that I am ready to pay the small fortune recommended by the central office in Nairobi, but not about to wait until the end of my stay to pay and then leave without being able to fly.
I finally obtain the authorization. Realizing that there is no time to waste, I work out the schedule we would have to follow: First, the lions; then photos with the Masaïs; and I resolve not to fly until I am certain of getting those shots.
My spirits revive at the thought of returning for a look at the "Balloon Safaris" which make daily ascents with full loads of passengers not far from there.
When they find out that I am the founder of the business, the salaried English pilots who keep the safaris flying invite me to take a ride with them.
The "balloon Safari" has become one of the most lucrative tourist attraction in Kenya, earning several million dollars in profits every year. About 20 balloons fly over the Masaï Mara daily carrying a dozen passengers on each ascent. (Those interested are advised to make advance reservations.)
After struggling for four years to keep the business going, I lost control over it just as a new technique was about to transform my dream into one of the most fantastic "flying" gold mines of our time.
Some not very scrupulous associates decided it would be more profitable if I were to leave the business, so that they could mount a drug trafficking operation taking advantage of the tourists passing through the Masaï Mara. They sent drugs back to France inside cartridges of film "to be developed" asking unwitting tourists to mail the packages directly to their steady consumers. Fortunately, the trafficking ended in the Narok County Council's prison cells, with the entire crew being ordered out the country then fleeing.
At the time, I was in France grappling with the problems of basic survival, while at the same time trying to make a new life for myself, determined to transform a life-long passion into a career as a photographer.
But, back to making our photographic report on paragliders. Now that we had the go-ahead from the local authorities, we got up very early the next morning. Practically 500 meters (546 yard) from the camp, two lions were savouring the remains of a wart hog.
The light is superb and the wing direction ideal for staging flights from the right vantage point.
As Philippe and Philippe gear up, I advise them again not to descend below the trees to avoid disturbing the lions finishing their meal and above all, to avoid becoming and alternative meal.
I drive the car into position. Ideally, I should be shooting from a good distance using a telephoto lens. But a screen of tall grasses blocks the lions from view. I decide to settle for a close-up of the lions with the paragliders appearing as small distant objects.
A few tourists' cars linger behind, then finally disappear at breakfast time. We seize the opportunity and the two Jet Pockets take off.
I check my Leicas which I had fitted with wide-angle lenses for this particular scene. (Not planning to use the telephoto lens, I did not check the camera it is mounted on, still in its carrying case.)
The paraglider approach, but nothing goes as planned. To start with, the puzzled lions interrupt their feast and saunter off toward an area where the grasses are shorter.
It suddenly occurs to me that I might be luckier than I though: I nervously start up the car and quickly drive around the two lions in a wide swath to position myself 200 or 300 meters (650 to 1000 feet) ahead of them in line with their apparent path.
I have to keep one eye on the terrain, the other eye on the lions; I remember to close the window against the dust that would fly up when I put on the brakes; catch a camera flying out of its case; steer with my knees; shift gears; work out the projected path of the parachutes and the direction the lions would take given the wind, the terrain and the refuge of the nearby forest. In one go I grab up the box with the 280 mm telephoto lens, open it, and apply the breaks, steering with my knees all the while. I open the window; the lions are approaching. Engine off, I brace myself against the car door. To the ranger accompanying me, "Please don't move". (Any brusque movement rocking the car would result in blurred images.) With one eye, I focus my lens on the lions, with the other I check the direction of the parachute to find it nearly converging with the path of the lions.
I try to calm that infernal flutter of an image hunter about to photograph an important scene.
Force of habit and something in my subconscious mind tell me to check my camera. To my horror, there is no film showing in the frame counter! I rush to change cameras, aim again--finding almost the same composition--and begin shooting one frame after another just as the first parachute comes into view.
Through the viewfinder I recognize Philippe Laville by his smile. Against all my advice, he is flying only a few centimeters above the lion's head !
In an instant that feels like an eternity, the lion turns to look Philippe square in the eyes, hesitates, slows, then resumes his run.
His eyes where Beautiful
"It was fantastic ! When I got close of the lion, he turned around and we came eye-to eye with each other. I will never forget it for as long as I live. He has magnificent eyes with yellow flecks. Anyway, there was perfect understanding between us ...."
As we return to camp, the ranger accompanying is tugs at my sleeve and points in the direction of the carcass--the two lions are quietly finishing their feast. Their close encounter with another species does not seem to have dampened their appetite, he remarks, adding that our flying machines are, after all, an interesting way of visiting the reserves.
We were elated with the knowledge that the success of our project rested safely in those frames.
I did not have the heart to criticize Philippe for taking so many risks and remembered being guilty of pulling almost the same stunts at one time. Youth must be allowed run its course....
We have had outrageously good luck, particularly for this time of the year. The rainy season set in Amboseli the day after we left and we were told that it was also raining at Nakuru. Yet, the weather here was still perfect.
The next day--our lucky star still with us--we took the last important photographs of the project, with the Masaïs.
After that, the sky could come down around our heads; the subject, as we say in the jargon of the trade, is "dans la boîte" (on film).
The Gods Must Be crazy
It was written somewhere that I would not fly over the Masaï Mara. That same evening, the secretary of the Narok County Council (I do not know his name because he did not even have the courtesy to introduce himself), accompanied by the Game Warden (whom I know only by his first name, incidentally) came to inform us that we would not be allowed to fly and are asked to appear in his office at Keekorok Lodge. Having flown for only two days and having paid large sums of money for the right to fly and take photos for a minimum of eight days, I demanded--without deluding myself and to no avail--that I be reimbursed. The situation was complex and difficult to follow.
The next morning, the ranger on duty at the camp latches on to us, tailing us everywhere and asking us where we are going at every turn.
There is a bad feel to it. We have the very strong impression of being held prisoner. We work out three possible explanations for the actions we are witnessing.
The first is that for reasons unknown to us, these people want to trap us and are trying to draw us onto their turf where the tourists--potential eyewitnesses--could not see us. If that is the case, we will need to send for our plane right away and make our way back to some semblance of civilization in Nairobi or Mombasa.
The second theory is that a "business" arrangement is in the making in which we would have to pay more money to keep flying or even to leave in time to catch our flight from Mombasa back to Europe.
The third explanation is a very old story. Rumour has it that we happened into the middle of a settling of scores. We are therefore the awaited pretext for a local "house-cleaning". Time will tell. If the wide-scale poaching intensifies in the area, it will mean that the Rumour was true.
With the key photos already secure in our cameras, we opt for the safety of a quick escape. At dawn, we leave the camp on the quiet.
As if to confirm our decision, the rain begins to tap against the windshield of our plane as we lift off the ground in Mara en route for Mombasa.
I let go with a sigh of relief. Still, I think to myself, the Kenyan authorities should wake up to the fact that the Masaï Mara is something of a showcase for tourism in Kenya and that many suspicious things are going on there.
Tourism in Kenya, now in vogue, is riding the crest of a wave of international success. It could take a brutal fall if nothing is done to put competent and responsible people in positions as important as those are. If, by some misfortune, the crash were to happen, the consequences could be disastrous for the economy and the stability of the country.
Once again we are presented with the sight of the Rift Valley's volcanic decor. Lake Magadi to our left and Lake Natron to our right, at its far edge the Ol Donio Lengaï volcano (a sacred mountain to the Masaï), fall away behind us.
A short while later, Kilimanjaro bares its summit as we pass, momentarily doffing its cap of clouds as though to bid us good-bye.
Our day in Mombasa passes without incident and after making a feast of langoustine and crab at the famous "Tamarind" restaurant, we abruptly find ourselves in an antechamber to the modern world, 11 000 meters (36 000 feet) above the ground, flying at 900 km/hour (560 mph), with the stewardesses of Lauda Air to dote us. They are intrigued by the complicitous air of our group and very soon begin asking questions ...
To think that for one of my new friends, this was his first venture outside of our gentle homeland, France!
Just as the thought was crossing my mind, he said with a laugh "Vive le tourisme!"
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Article by Alain Guillou (Author's name must be mentioned.)
Important : This expedition was sponsored by Alain Guillou , with assistance from :
- Leica, Germany (manufacturer of the camera used)
- Parapentes Soubeyrat, sailmakers
- Etablissement Jeorgeaguet, for use of the Jet Pocket
- Kichwa Tembo Camp for lodging at the Masaï Mara.
We would be grateful to you if you could mention them in the published version. (Their adresses are given at the end of this document.)
The crew :
Philippe Jeorgeaguet, pilot and designer of the Jet Pocket
Philippe Laville, test pilot for the Federation de Parapente (paragliding Federation) and for the Voilerie Soubeyrat, makers of paragliders
Alain Guillou, organizer, photographer and occasional pilot.
General informations
The Jet Pocket is the lightest means of powered flight in existence at the present time. The motor attached like a back pack on the pilot's back and the combined weight of the motor and the paragliding canopy is about 30 kilograms (66 pounds)
The only difficult aspect of operating the equipment is the inflation of the canopy on the ground before take-off. Beyond that stage, manoeuvring the Jet Pocket is instinctive. The piloting techniques involved are by far the simplest ever invented. To make a turn, the pilot pulls on one of the two suspension cords (or brakes) : the right-hand cord turn right; the left-hand cord to turn left. To gain altitude, he throttles up; to descend, he throttles back. Directional stability is remarkable and the Jet Pocket is probably the easiest of all existing motorized equipment to fly.
Ease of use, however, does not mean there is no danger involved. Beginners should acquire a solid understanding of atmospheric forces and their effects and must obtain an ultra-light aircraft operator's certificate. (See practical details below)
Operating the equipment
The pilot spreads the canopy of his paraglider out over the ground and attaches the suspension cords to the motor unit. The parachute is laid out in such a way as to cause the canopy to fill with air and rise into position above the pilot's head during the first phase of take-off when the pilot is running into the wind. Glancing over his shoulder, he check the array as he runs.
At this point, the pilot simply throttles up and will quickly cease to feel the weight of the motor as it becomes borne by the canopy. Lift-off occurs a few meters further, depending on how much wind there is.
Landing is probably the trickiest part of the flight: The weight of the motor leaves no room for error. The motor is switched off on final approach. (Under no circumstances should the pilot attempt a landing with the propeller still turning at his back.) The pilot maintains his speed, accelerating if necessary, until he reaches the right height above the ground at which point he pulls firmly on both "brakes". The assembly pulls up, slowing as it "arches" and contact with the ground occurs at practically no speed whatsoever. (A good landing has the impact of jumping from the seat of a chair onto the floor.
Technical profile of the Jet Pocket
Motor : 2-cylinders 2-stroke 425 cc (16.4 cubic inches)
Horsepower : 22 cv (21.7 hp)
Starting mechanism : Manual pull-start (by means of a cord)
Fuel tank capacity : 10 liters (2.6 gallons)
Weight of motor unit : 3 models weighting 17, 19 and 24 kg (37.5, 41.9 and 52.9 pounds
Dimensions : 1.10 meters in height (43.3 inches), 1.10 meters in width (43.3 inches), 40 centimeters in depth (15.7 inches)
Assembly : Instantaneous
Speed : 45 km/hour (27.9 mph)
Rate of climb : Variable from 2 to 3 meters per second (6.5 to 9.8 feet per second), depending on the weight of the pilot and the paraglider used.
Take-off distance : 5 to 20 meters (16.4 to 65.6 feet) varying with the speed of the wind.
Landing : Vertical descent
Paraglider canopy : Glide ratio of 5:1
Used : Surface area of 26 square meters (280 square feet)
Weight of paraglider : 4 kg (8.8 pounds)
To learn how to fly or to purchase a Jet Pocket, contact :
Philippe Jeorgeaguet
Route de Chantelle
03140 Chantelle , France.
Telephone : (33) 70 56 66 09
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